Slt, les gars ! Un ami français qui étudie le portugais m'avait dit d'écrire un texte en français sur les différences entre le portugais européen et le portugais brésilien. J'ai trouvé que ce serait un bon exercice, donc j'ai accepté le ~challenge~. Bref, je viens de le finir et j'aimerais le partager avec vous. Il n'est pas du tout scientifique et je suis sûr qu'il y a plusieurs fautes, mais... voilà :
Il y a de nombreuses questions qui me viennent à l’esprit quand j’y pense en plus des simples différences phonétiques, lexicales et syntactiques. Je ne sais pas si vous, non lusophones, sont au courant mais ça c’est un sujet relativement compliqué. Il y a, bien entendu, une grosse différence entre les deux variétés, ce qui se fait sentir très facilement et qui du coup suscite plein de questionnements superflues comme « laquelle est la plus jolie ?», « laquelle est la plus correcte ?» et etc. Mais au delà de cela il y a aussi une discussion très chaleureuse à propos de la question suivante : laquelle entre les deux devrait être adoptée comme norme internationale ? Si d’un côté les portugais se veulent les « créateurs » de la langue portugaise, donc les représentants légitimes et de droit, d’un autre côté les brésiliens soutiennent que du fait qu’ils sont plus nombreux et plus économiquement expressifs en échelle internationale, il est plus logique qu’ils la représentent. Les portugais allèguent que les brésiliens on déformé la langue et les brésiliens que les portugais parlent comme il y a des centaines d’années. Bref, si on va sur Google Traduction, écrit quelque chose en portugais et appuie sur le bouton « lire », on peut avoir une idée de qui apparemment qui est le plus près de gagner cette discussion.
Mais à quel point sont ces « deux variétés » différentes l’une de l’autre ? Ça c’est difficile à dire, car laquelle parmi les nombreuses variétés du portugais existantes sur le territoire brésilien doit-on prendre comme modèle ? Mais oui, le brésilien n’est pas une variété aussi homogène comme l’est le portugais européen ! Le Brésil s’étend sur énormément de km², très contrairement au Portugal, et la population brésilienne est plusieurs fois plus grande que la portugaise. En outre, la population brésilienne est composée de plusieurs groupes d’immigrants et peuples autochtones différents qui au départ parlaient des langues différentes et qui non seulement se sont installés dans de différentes régions du pays mais en plus ont passé un bon bout de temps sans avoir le moindre contact les uns avec les autres. Pouvez-vous imaginer l’effet de tout cela sur leurs portugais ? On peut diviser le Brésil grossièrement en cinq régions dans lesquelles on peut espérer trouver une certaine homogénéité au niveau linguistique et culturel : le nord (région de l’Amazonie), le nord-est, le centre-ouest, le sud et le sud-ouest, quoique la région sud-ouest comprenne les états de São Paulo et Rio de Janeiro, les deux états les plus peuplés et dont, pourtant, les respectives populations parlent très différemment et cultivent deux cultures notamment distinguées. Tout ça pour dire que le « brésilien » est en réalité un ensemble de multiples sub-variétés et que chacune ressemble plus ou moins au portugais européen.
Prenons à titre d’exemple la variété que je parle, celle de l’état de São Paulo, laquelle on appelle « paulista », et contrastons-la avec le portugais européen. N’oublions pas que je ne prétends aucunement être un spécialiste du portugais européen, donc ce que je vais dire par rapport à lui n’est que mon impression et je vous prie de garder à l’esprit que je ne tiens nullement à offenser personne. Bon, à mon avis, les principales différences au niveau phonologique c’est : la manière dont on prononce le « t » et le « d » avant la voyelle « i » et la manière dont on prononce le « l » et « r » en fin de syllabe. En plus, on peut dire que nous prononçons toutes les voyelles de manière plus ouverte et claire, tandis que les portugais on tendance à réduire la plupart de leur voyelle en « schwa ». Il y a aussi des différences de prosodie, bien entendu.
Au niveau lexical, il y a plusieurs mots qui changent, tout juste comme en anglais américain et anglais européen ou en français québécois et français européen, genre : banheiro – sala de banho, celular – telemóvel, mouse – rato, etc. Il y a plein de mots qui varient entre chaque région du Brésil également. En dépit de ça, nous, brésiliens de tous les coins et portugais, n’avons normalement pas trop de mal à nous comprendre. Mais attention : si vous parlez portugais européen et vous allez au Brésil, ne dites jamais quelque chose comme : ei, rapariga, venha cá ! Le mot « rapariga », qui pour les portugais veut dire « jeune fille », pour nous veut dire un truc du genre “pétasse, prostituée”. Cette même phrase peut vouloir dire à la fois « Hé, jeune fille, viens ici ! » et « Hé, pétasse, viens ici ! » en fonction de la variété que vous parlez. Par contre, si vous parlez portugais brésilien (de São Paulo, spécifiquement) et vous allez au Portugal, ne dites jamais : preciso fazer um bico para ganhar um pouco de dinheiro. L’expression « fazer um bico » signifie “faire um petit boulot” pour les paulistas et « faire une pipe » pour les portugais. Donc à la place de comprendre que tu veux faire un petit boulot pour gagner un peu d’argent, on comprendra... bon, cela va sans dire.
Un autre aspect de notre portugais, lequel je sais que gêne beaucoup les portugais, c’est la manière dont on place les pronoms objets. Ça c’est un peu difficile à expliquer sans vous apprendre toutes les règles de placement pronominal, ce qui ne serait pas pratique pour moi ni intéressant pour vous, donc je vais juste vous donner un petit exemple. A la place de dire « eu vou o ler » (je vais le lire), les portugais diraient plutôt « eu vou lê-lo ». Et alors vous pouvez me demander : est-ce qu’il peut arriver à un brésilien de placer les pronoms comme les portugais ? Ce à quoi je répondrai : très souvent. La manière portugaise de le faire caractérise normalement notre registre soutenu. C’est-à-dire qu’en principe tous les brésiliens apprennent à l’école à placer les pronoms comme les portugais, mais nous apprenons aussi à le faire comme nous le faisons au jour le jour. Nous considérons les deux manières justes, alors que les portugais, à ce que je sache, non. J’ai failli oublier : au moins à São Paulo, nous utilisons les pronoms « você » et « vocês » au lieu de « tu » et « vós », qui sont plutôt utilisés au Portugal, mais aussi dans d’autres régions brésiliennes.
Vous savez, une chose qui ma beaucoup choqué quand je suis allé en France pour la première fois c’est que j’ai trouvé des dictionnaires de brésilien et des dictionnaires de portugais à vente comme si ces deux variétés constituaient vraiment deux langues différentes. J’ai vu dans une université française qu’on donnait des cours de brésilien et de portugais séparément et avec des profs et méthodes spécifiques. Pourquoi est-ce qu’on ne fait pas pareil avec l’anglais nord-américain et européen ou l’espagnol d’Espagne et sud-américain, par exemple ? Sincèrement, je ne m’y attendais pas. Je me suis rendu compte que pour vous l’affaire est close et qu’enfin nous brésiliens ne parlons pas portugais, mais brésilien. Bien qu’il y ait plusieurs portugais et brésiliens qui seraient tout à fait d’accord avec vous, je dois avouer que je ne le suis pas. J’ai toujours considéré le portugais comme ma langue maternelle et ça ne changera jamais. Mais bref, tant mieux pour nous, profs de portugais d’origine brésilienne, car comme ça nous n’aurons jamais à disputer des postes de prof de « brésilien » à l’étranger avec les portugais et qui, soit dit en passant, sont de loin plus abondants que ceux de prof de « portugais ».